Comment scier un train?

Bon bon bon ! La voie d’évitement de Froissart contient la longueur de 60 wagons et nous rencontrons un train à cet endroit. Il fait beau et notre train, le 419 possède un beau 119 wagons. Nous rencontrons qui ? Nous rencontrons le 420 qui possède, lui, 120 wagons. Whoups, erreur monumentale.
Nous sommes en 1966 et par chance, les mécaniciens des deux trains se parlent sur la radio et nous venons tous de prendre conscience du dossier ; nous devrons scier. Autre chance, aucun train de classe supérieure n’est attendu dans un sens ou l’autre ; donc, pas de signalisation arrière ou autre en vue… Les quatre employés de chacun des deux trains seront mis à contribution dans cette manœuvre.
Comment scie-t-on ?
Le premier train arrivant est le 420. Il reste Main Line ou demeure en voie principale selon les ordres de marche. À la planche du mille de Froissart, le 420 coupe les 50 derniers wagons de son train en voie principale. Puis, il tire entre les aiguilles de la voie d’évitement, toujours en voie principale et attend le 419. Le serre-freins avant tourne l’aiguillage vers la voie d’évitement.
Le train 419 arrive et entre dans la voie d’évitement puis passe au travers de celle-ci afin de se rendre s’accoupler sur la partie laissée en voie principale par le train 420.
Durant ce temps, le train 420 procède vers l’est et s’en va à un mille plus loin (longueur d’un train de 120 wagons) que l’aiguillage est de la voie à Froissart soit, lorsqu’il a libéré la planche du mille de Froissart.
Le 419 ayant récupéré la partie arrière du 420 (donc ses 119 wagons plus les 50 du 420 = 169 wagons), revient et recule via la voie d’évitement. Lorsque les 50 wagons du 420 ont libéré l’aiguille ouest, le train arrête et coupe les 50 wagons dans la voie d’évitement.
Ensuite, le 419 recule jusqu’à l’aiguille est et, repart en direction de Senneterre. Après que le 419 est parti, le 420 revient et ramasse ses 50 wagons dans la voie d’évitement et repart pour Fitzpatrick.
On pourrait facilement calculer une heure de zigonnage mais, les trains sont repartis. Je me demandais si je devais faire un dessin explicatif mais après re-lecture, je me suis aperçu que si le lecteur lit attentivement les manœuvres ; il s’y retrouvera facilement.
J’ai placé dans cet exercice, des conditions idéales, des locomotives surtout celles du 419 en parfaite condition et l’entente non écrite que le train le plus pesant (420) se doit de laisser sa portion en voie principale le plus possible afin d’aider le 419 lors du recul avec les 169 wagons.
Merci de votre attention et si vous aviez besoin de plus d’explications, il me ferait plaisir d’acquiescer à vos demandes. Louis-François Garceau, ex-cheminot.

Auteur: 
Louis-François Garceau
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