Les signaux à main du temps...

Plusieurs me demandent comment faisiez-vous à l’époque lorsqu’il n’y avait pas de radios dans les triages ou sur les trains, pour communiquer ?
Dans tous les livres de règlements anciens ou datant d’avant 1965, la façon de donner des signaux y est parfaitement décrite. Voici pour votre information, quelques signaux de lanterne…

 

 

 

Sur ces trois signaux, les mouvements de recul, d’avant et d’arrêt y sont représentés. Maintenant, les autres signaux…
Pour lever la goupille sur la locomotive (tirer la pin sur l’engin), le chef de train se frappe le dessus de la tête à trois ou quatre reprises en direction du serre-freins. Ensuite, ce signal peut être suivi d’un autre signal tel…
a)    Le chiffre deux… élevant deux bras vers le ciel signifiant, on s’en va dans le deux ou dans la voie numéro deux avec la loco.
b)    Formant un triangle au-dessus de la tête avec les deux bras signifiant… on s’en va sur la SHED ou à la SHOP.
c)    Se frottant la bedaine avec une main signifiant, on s’en va à la soupe.
d)    Se touchant le dessous des seins avec les deux mains, on va sur le VAN SIDING chercher un fourgon de queue et ainsi de suite.
Maintenant, comment relayons-nous les signaux au mécanicien? Là où j’ai appris, avec le viaduc à Senneterre, cela nous obligeait à nous relayer presque tous les signaux. Donc, nous avions tiré une rame de wagons au-delà du viaduc et nous devions débuter les manœuvres de triage…
Premièrement, le chef de train donnait les signaux au serre-freins arrière, de lancer deux wagons dans le 4… donc, il demandait un KIK en balayant sa main vivement d’un côté et de l’autre au-dessus de la tête, puis levait ses bras à deux reprises au-dessus de la tête (nombre 4) et finalement, après avoir baissé ses bras le long de son corps, les soulevait pour montrer le chiffre deux (2).
Après que le serre-freins arrière avait fait acte de réception en envoyant sa main au dessus de sa tête, il commençait le même stratège en relayant tous ses signaux au serre-freins avant. Voyant que le serre-freins avant avait fait réponse, le chef de train demande alors un KIK (le mécanicien doit ouvrir la locomotive dans le cran huit et attendre le signal d’arrêt très bientôt) qui est répété jusqu’au mécano.
 
    Le serre-freins arrière lève la goupille (PIN) au quatrième wagon puis le chef de train demande l’arrêt qui est relayé jusqu’au mécanicien par les deux serrre-freins. La rame s’immobilise laissant rouler les quatre wagons dans la voie numéro deux. Une manoeuvre est complétée.
    Si la rame s’est arrêtée trop loin, on ravance la rame afin de préparer la prochaine manœuvre. Chacune des manœuvres doit être spécifiquement interprétée d’une personne à l’autre afin d’être bien comprise de tous. Une équipe de triage étant normalement composée, en 1965, d’un mécanicien de locomotive, d’un contremaître de manoeuvres et de deux agents de triage.
    À cette époque, travailler de jour, avec le soleil était assez facile puisque normalement, les quatre membres de l’équipe se connaissent et sont des syndiqués donc, les plus vieux de leur district et les plus exprérimentés.
    Vint un SPARE employé de la relève dans la cour (affectation de jour au triage) de jour, il aura la chance d’apprendre plus facilement.
Comment fait-on la nuit ?
    La cour de nuit (affectation nocturne), en hiver durant une tempête… Calvince ! Les signaux nocturnes, plus rares et plus difficiles à interpréter et à comprendre doivent être utilisés.
    Par chance, on est en 1965 et les lanternes à batterie sont là. Imaginons un peu, les signaux avec lampe à l’huile et il vente… La lanterne de l’un des membres s’éteint et Y FA FRETTE. Faut la rallumer, PI Y VENTE !
    Faudrait pas oublier aussi, qu’assez souvent il fallait donner des signaux avec des fusées (torches). Les fusées étaient normalement utilisées quand on allait signaler notre train contre d’autres mais elles servaient occasionnellement, à donner des signaux nocturnes.
    Avec des fusées, lorsque la poudre intérieure brûlait, elle formait une goutte de slag qui lorsqu’elle tombait, était brûlante. Il fallait donc, lorsqu’on donnait un signal, faire attention aux gouttes.

Auteur: 
Louis-François Garceau
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